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L'hôtel, ce théâtre de désir


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J’ai toujours aimé les hôtels. Leur odeur, leur silence feutré, cette impression d’anonymat qui libère et protège à la fois. Ce sont des lieux de passage, de mise entre parenthèses, des bulles hors du temps où tout peut arriver - surtout ce qu’on n’ose pas dans la lumière du quotidien.


L’hôtel, c’est un décor parfait pour le désir. Tout y est pensé pour lui : les lumières tamisées, les draps immaculés, le murmure discret des ascenseurs, les pas feutrés dans les couloirs. C’est un lieu où les corps se croisent sans se connaître, où les regards s’évitent en sachant très bien pourquoi.


Je crois que j’aime cette atmosphère d’entre-deux : ni chez soi, ni ailleurs. Ici, on n’appartient plus vraiment à rien - ni au passé, ni à demain. On se glisse dans une chambre comme dans un rêve, on suspend les règles, on se réinvente. L’hôtel devient alors une scène, et le désir, sa pièce la plus sincère.

Chaque chambre a son âme.Les miroirs n’y reflètent jamais tout à fait la même femme. Parfois je me surprends à marcher lentement, comme si mes talons composaient une mélodie secrète sur le parquet. Le bruit d’une fermeture éclair, le froissement du drap, la respiration qui s’accorde à celle de l’autre… tout devient musique.


Dans ces chambres, j’ai souvent l’impression de jouer sans jouer. Rien n’est feint, tout est amplifié. Les gestes les plus simples prennent une intensité nouvelle : verser un verre de vin, ouvrir les rideaux, effleurer un bras. Le monde dehors continue, indifférent, pendant qu’ici, dans cette chambre anonyme, deux êtres s’extraient du réel pour un moment suspendu.


L’hôtel est un lieu de passage, oui, mais il garde la mémoire des émotions. Je le sens parfois dans l’air, cette trace invisible laissée par ceux qui, avant moi, y ont vécu leurs propres vertiges. Des rires, des soupirs, des adieux peut-être. Les murs d’un bel hôtel sont des confidents silencieux : ils savent tout, mais ne répètent rien.


Et puis il y a le départ. Toujours ce moment étrange, presque mélancolique, où je referme la porte derrière moi. Le lit est défait, le parfum flotte encore, la lumière du matin filtre à travers les rideaux. Je me regarde une dernière fois dans le miroir, j’ajuste ma robe, je redeviens celle que le monde connaît. Mais dans mon regard, il reste toujours un éclat, une trace du théâtre de la veille.


Je crois que c’est pour cela que j’aime tant les hôtels. Parce qu’ils me permettent de vivre pleinement mes contrastes : la femme libre, la femme rangée, la femme désirée, la femme souveraine. Ils sont le décor parfait pour ma double vie - et, d’une certaine manière, le refuge de mes vérités les plus douces.


Entre les murs d’un hôtel, je ne joue pas un rôle. Je vis une version de moi plus audacieuse, plus sincère, plus vivante.Celle qui, l’espace de quelques heures, n’a plus de nom, plus d’attache, plus d’horaire.


Celle qui se souvient que le désir, quand il est vécu dans la conscience et la beauté, n’a rien de coupable.


Emma 💋

Bienvenue dans mes nuits secrètes.



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